DDDD – La fin de leur monde

« Dis, Ôba c’est moi ou ça
part complètement en vrille ?
»

Si vous avez plusieurs titres d’Inio Asano à votre actif alors la citation présente ci-dessus vous aura sans doute déjà traversé l’esprit. Mais elle n’a peut-être jamais aussi bien été à sa place que dans Dead Dead Demon’s Dededededestruction (DDDD par la suite), comme nous allons essayer de le montrer dans les lignes qui suivent.

Jusqu’ici tout va bien…

Tout commence par un District 9 échoué au Japon, avec un vaisseau spatial tournant autour de Tokyo, des envahisseurs petits et pas costauds qui se font dégommer dès qu’ils pointent le bout de leur nez. La boucherie est la norme et la vie quotidienne ne semble pas bien changée. Circulez y a rien à voir si ce n’est un groupe de lycéennes menée par Ôran et Kadode qui parlent jeux vidéo, amour, dictature et autres sujets plus ou moins saugrenus. Nous sommes arrivés trop tard en quelque sorte : l’arrivée des extraterrestres est « ancienne », ils font partie du décor, la vie a repris son cours. La capacité d’adaptation des humains à leur environnement sans doute.

La tranche de vie sauce rayons A est l’occasion pour Inio Asano de dépeindre une société où les réseaux sociaux sont le centre de tout, où ne pas croire son gouvernement devient la norme, où mensonges et théories du complot fleurissent et où les mesquineries quotidiennes et les échanges enflammés masquent la vacuité de chacun. Tout le monde en prend pour son grade et on pourrait gloser sans doute à loisir sur la « dissection » des sociétés contemporaines (du moins, une partie d’entre elles) proposée par l’auteur. Un exercice qui ne lui est pas étranger si, d’aventure, vous avez connaissance de ses titres.

… Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage.

Comme à son habitude Inio Asano n’hésite pas à mettre un coup de pied dans la fourmilière pour secouer tout cela. On pourrait même dire qu’il met deux coups de pied. Le premier nous conduira vers du post-apo sauce Armored Core qui n’est pas dénué d’intérêt, permet d’accentuer les travers déjà apparents auparavant. Quelques chapitres survivalistes où le regard se décentre des personnages principaux que l’on suit dans les 12 tomes de la série. Une surprise bienvenue qui laisse alors ouverte la question de savoir comment l’intrigue va rebondir après cela.

Le second coup de pied de l’auteur nous fait bifurquer vers un versant de la science-fiction qui ne fera pas l’unanimité car proche du « TG c’est extraterrestre ». Le fusil de Tchekhov a encore frappé mais peut-être pas pour le meilleur. Le tout offre une conclusion moins sombre qu’attendue mais pas joyeuse pour autant (on est chez Inio Asano).

Bonus

En bonus vous apercevrez Kengo Hanazawa (inutile de revenir ici sur la relation entre les deux auteurs qui se taquinent par mangas interposés) et vous lirez Isobeyan, manga offrant une variation insolente sur tout un pan de l’industrie de la bande dessinée nippone et dont la conclusion évoque la fable du laboureur et ses deux enfants. Vous sentirez aussi au fil des pages l’influence d’Akira, Robocop, Evangelion, Puella Magi Madoka Magica… ou peut-être pas. Et finalement vous vous demanderez si DDDD est un nouveau chef d’œuvre ou un manga opportuniste. Quoique, la vérité est peut-être ailleurs…

La note : Le ciel lui est-il tombé sur la tête ? / 20

Publié par

Anvil

Lecteur de manga, manhua, manhwa... visionneur d'animés, films... et de plein d'autres "trucs" car ma curiosité n'a (presque) pas de limites. Je suis touche-à-tout sans être bon à rien. Les avis présents ici n'ont, par conséquent, aucune prétention si ce n'est celle d'offrir un point de vue sur une œuvre qui m'a interpellé. Vous pouvez me retrouver sur Twitter : @Anvil_G ; sur Sens Critique : Anvil et ailleurs... See you Space Cowboy!

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