Je n’ai pas lu Coq de combat et je n’aime pas le café. Cela ne m’a pas empêché de pousser la porte du River End Café sur l’île de Nakase. L’établissement paraissait perdu au milieu de nul part. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. À mon arrivée un chien m’a léché le bras et son propriétaire lui a dit de ne pas lécher n’importe quoi s’il ne voulait pas tomber malade. J’ai été tellement surpris par le propos que j’en ai oublié d’être vexé. Son propriétaire est justement celui qui tient le café.
Il y passe du Miles Davis et a accroché différents visages de Dieux ancestraux aux murs. On n’a pas parlé religion, je ne sais plus ce qu’on a pu se dire. Il m’a servi un café. Je l’ai trouvé amer mais la vue offerte sur la mer m’a apaisé. Et le proprio n’a pas manqué de me faire payer ma conso (moins chère qu’à Paris) tout en me demandant de lui filer un coup de main pour 2/3 trucs.
Je n’étais pas seul. Deux lycéens étaient présents. Ils n’ont pas l’air de trop se connaître. L’un est en terminale et la seconde, Saki est en première. Ils ne vont pas dans le même lycée et Saki n’a pas l’air de s’épanouir en classe. J’ai cru comprendre que ses résultats étaient en chute libre. Les lendemains de la triple catastrophe du 11 mars 2011 ont été difficiles pour elle. Venir ici semble lui faire du bien.
Il a aussi été question d’autres personnes : une voyante moyennement fiable qui a fait de la prison, un vieux à la recherche d’une statuette. Un lieu a été évoqué : un marais aux serpents. Mais je n’ai pas voulu être indiscret et écouter de trop près ou suivre les personnes : je ne suis qu’un client, pas un détective privé en plein boulot.
Le jour finissant j’ai fini par quitter mon siège. Je ne sais plus pourquoi je suis venu mais j’ai lancé un « à la prochaine ! » auquel le patron a fait la sourde oreille et le chien m’a lancé un « wouf » affectueux me semble-t-il. Ce café n’est pas si mal après tout, Akio Tanaka sait comment moudre les grains pour en tirer le meilleur. Le River End Café vient de gagner un habitué.
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